Ce matin, il pleut encore. J’entends les gouttes les plus téméraires s’engouffrer dans le poêle dans un crépitement métallique.
Il y a quelques jours, je vous parlais de fantômes et hier de douceur. Aujourd’hui, je pioche la carte de la Camomille dans l’oracle, c’est un appel à la douceur et je me retrouve avec les relations aux invisibles. Le tout pour le mois de Novembre. Novembre, le mois gris, le mois où on commence à s’enfermer et puis aussi le mois où traditionnellement nous honorons nos morts.
Dans notre société, nous avons du mal avec la spiritualité. Lorsqu’on en parle, il s’agit soit de la religion soit de pratiques ésotériques. Si nous sommes croyants alors, nous appartenons à un monde de réacs et si on tire les cartes, nous basculons dans le monde des folles. Je caricature un peu, certes mais il faut reconnaître qu’il n’y a aucune place pour la spiritualité dans notre société sans qu’elle ne soit jugée négativement. La vie est une science sérieuse, la politique et la lutte aussi. Dichotomie corps/ esprit, a-t-on dit.
Ô combien le système oppressif dans lequel nous vivons se nourrit de ce scepticisme ! Il faut vider de spiritualité, tourner ce qui y touche soit au ridicule pour les plus avertis soit en produit marchand.
Sans spiritualité et sans les différents temps de regroupements qu’elle permet, il n’y a pas de lien. Peu d’appel à se dépasser, non pas dans le sens de s’épuiser mais dans celui de décentrer le regard. Il n’y a pas de temps collectif ressource, de modèle et de parole pour crever l’isolement organisé par notre façon de vivre, par la norme de la réussite sociale et les injonctions qui en découlent. Il n’y a pas de moment où l’on respire autre chose que la solitude, la lourdeur de ce que nous avons à porter.
Cette relation aux invisibles et ce pluriel, laissent penser que les invisibles puissent être nos morts mais pas seulement. Il peut s’agir aussi de penser à celleux que l’on ne voit pas, aux vivants, aux plantes, aux animaux ou encore à nos voix.
Evidemment, je pense aux jeunes parents. Evidemment, je pense à ma parentalité, à la différence entre la 1er et cette troisième grossesse. Evidemment, je pense à casser les murs. Et je pense aux voix, celles que j’entends dans les ateliers d’écriture et qui casse la solitude de l’écriture, celle que j’entends dans les cercles et club lecture et qui viennent aussi fracasser la solitude et puis à celles des podcasts aussi, comme celui de Juliette MOGENET et Audrey Lise MALLET ou encore celui de Sarah ou encore bien d’autres.