Octobre, c’est le mois de la douceur. J’ai de l’affection pour ce mois alors que j’ai toujours pensé être une fille de l’été. Octobre, c’est les premières vacances après la rentrée, celles où nous sommes à la fois épuisé.es mais aussi plein.es d’une autre énergie. Les feuilles qui roussissent, la lumière qui tombe différemment. Les tapis de feuilles et leur humidité, l’odeur qui s’en dégage et le bruit des pas. Octobre, dans mon souvenir, c’est aussi des promenades en forêt, des secrets échangés et la promesse de se voir en famille.
Octobre, c’est aussi la sortie du livre Jeu d’Enfants : prose et parentalité dirigé par Fred pour les éditions de L’Allumette dans lequel j’ai écrit avec d’autres parents, et les échanges ont été beaux souvent et j’aime lire entre les récits, les témoignages dans lesquels sont évoqués l’écriture et la parentalité.
La douceur, c’est le contraire de l’exploitation capitaliste. Exploitation du corps et de l’esprit. Plus les jours passent et s’épluchent plus je suis certaine, que l’exploitation des corps sert l’extinction de l’esprit, son immobilisme. Et qu’il le fait bien, les horreurs qui se déroulent ne le peuvent que par épuisement de nos ressources. Les révolutions se font avec les corps et les corps sont vides d’énergie.
Longtemps, j’ai cru à une forme de dichotomie : corps/ esprit. Il fallait être ou l’un ou l’autre. Longtemps alors, j’ai laissé tomber le corps pour un idéal intellectuel qui me faisait rêver enfant. Bercée par les images des poètes maudits, des écrivains de génie et du pays des Lumières, pays des intellectuel.l.es Beauvoir, Sartre en tête.
Devenir mère a fait flamber cette dichotomie. Il y a dans la parentalité féministe que je vois émerger depuis quelques années, un refus de l’extinction de l’esprit, un refus de l’immobilisme pour n’être plus qu’un corps en jachère, soumis à l’exploitation capitaliste. Je pense à ces injonctions de retour au travail comme si de rien n’était, ces calculs alambiqués pour jongler entre les horaires de travail et les horaires de crèche et d’école. Je pense aux injonctions éducatives et normatives sur qui doit faire quoi et comment. Je pense au temps qui s’évapore parce que le système dans lequel nous vivons ne veut que des corps valides de travailleureuses à un rythme insoutenable.
Ce refus de l’immobilisme, les voix qui s’élèvent pour dire : il faut repenser les choses – et je pense par exemple à l’apport qu’a été pour moi le podcast et le livre que je lirai prochainement ( et peut-être relancer le Mother Book Club ?) ou encore ce que je fais avec l’infolettre mensuelle.