Salut,
J’entame ce lundi avec “du temps pour moi”. Ce temps, je le consacre à lire et réparer mes nuits difficiles. Les insomnies et autres réveils matinaux se multiplient. J’en profite alors pour grapiller du temps “créatif”, du temps où je cajole ce que j’avais laissé de côté il y a encore quelques mois.
Point lecture :
J’ai terminé la lecture du roman Eunice de Lisette Lombé.
C’est un roman où l’écriture est orale. On sent l’influence du slam et son importance et en cela l’écriture rejoint le récit et c’est intéressant.
Les premiers temps, je ne me suis pas sentie attrapée par l’histoire comme j’aime l’être avec les romans. J’étais à côté d’Eunice. J’étais à côté. J’ai mis cela sur le compte de l’écriture à la 2e personne et puis je me suis aperçue que l’écriture toute entière créait la distance. Cette distance est celle du spectacle.
On est spectateurice du récit. D’une certaine façon, on est cantonné à notre place de lecteurice, à être en dehors de et à laisser la matière texte nous imprégner.
La fin, une fin heureuse qui m’a fait penser au texte de Coline Pierré, est celle où nous sommes accueilli.es à la table d’Eunice, dans son salon. Et j’ai trouvé ça beau de vivre l’expérience racontée, celle d’une jeune fille de 19 ans dont la vie s’écroule et qui se sent à côté de la vie et du récit de la vie qui lui a été fait et qui peu à peu reconquiert son existence et les récits qui la construisent.
La présence de certains fantasmes sexuels du personnage montre également que si ce qui se passe dans sa tête ou son corps est partagé, il ne s’agit pas de “rentrer en connaissance” avec le personnage d’Eunice. Souvent, l’accès aux fantasmes sexuels est perçu comme un accès à l’intimité ou à la vie intérieure, ici, la construction du récit comme du personnage montrent qu’il n’en est rien.
Point écriture :